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caissier des prisonniers, pour éviter jusqu'aux soupçons qui pourraient s'élever contre le geolier, s'il restait dépositaire de ces sommes. Celui-ci n'est donc que l'agent entre le prisonnier travaillant, et l'ouvrier, le marchand, ou l'entrepreneur pour qui il travaille. Les prix donnés aux prifonniers, font ceux donnés à tout autre ouvrier du même genre. Ces prix sont connus; l'inspecteur peut donc en vérifier l'exactitude avec facilité. Quant à la nourriture, le geolier fait les achats des provisions sous les yeux des inspecteurs. Les quantités sont fixées pour chacun, péíées devant le cuifinier qui lui-même est un convict, et qui est payé de sa peine, sur la somme dont chacun contribue par jour, pour la penfion. A ces moyens de précaution et d'inspection continuelles, et d'appointemens suffisans du geolier, qui préviennent toute fraude de sa part, se joint plus puissamment encore le moyen d'opinion. L'humanité, la sevère exactitude des inspecteurs est si grande, leur volonté si manifeste, leurs foins fi continuels pour que la justice soit la règle constante de conduite envers les prifonniers, que les voler, paraîtrait aux hommes qui les approchent, un manque de confiance plus répréhenfible, un crime plus grand que tout autre vol. Les chambres où couchent les prifonniers font

au premier étage. Chacune d'elles contient io à 12 lits, garnis de matelas, de draps et de couvertures. Chaque' prisonnier à le sien. La chambre d'ailleurs, est bien aërée, bien éclairée; de manière toutefois à prévenir toute commu nication avec l'intérieur. A la pointe du jour, ils en sortent pour n'y rentrer qu'à la nuit close. Alors ils y font enfermés fans lumière. Dans les grands froids, on leur donne quelques bûches. Le bâtiment étant voûté, ils ne peuvent y met tre le feu. S'ils tentaient de brûler leurs lits ils s'exposeraient à être étouffés eux mêmes par la fumée, et ceux qui en échapperaient; auraient encore à payer le dégât.

Le matin, avant de commencer le travail; les convicts font obligés de se laver les mains et le visage. L'entretien de la santé n'est pas le seul bien qui résulte de cette propreté exigeé; ces foins que l'on oblige ainsi le prifonnier, communément accoutumé à la malpropreté, a prendre de fa personne; contribuent en quelques degrés, à relever en lui l'opinion, de lui-même. D'ailleurs, les mêmes pratiques exigées imperturbablement aux mêmes heures, concourent aussi à lui donner un esprit d'ordre, auquel on ne peut le ramener par trop de moyens. En été ils se baignenť deux fois par mois dans un basfin creufé au milieu

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de la cour pour cet usage. Ils font rafés reguliérement deux fois par semaine, et les frais du barbier qui est aussi un convict, font une partie de l'emploi des 15 pence, prélevés par jour fur leur travail. Ils changent deux fois de linge par semaine. Les ateliers pour les gros ouvrages font dans la cour. Ceux pour les ouvrages moins grossiers font dans des chambres, fur le même étage que celles où ils couchent, mais dans un autre corps de logis. Les ouvriers n'y sont pas renfermés. Ils y travaillent fous leur furveillance réciproque. Ils ne font guère plus de cinq ou fix dans chacune de ces fortes de boutiques..

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Les porte-clefs qui font au nombre de quatre pour toute la maison, doivent être conftamment dans les corridors, dans les cours, parmi leš prisonniers. Toute conversation fuivie est interdite aux prifonniers entr'eux; ils ont seulement la liberté de se parler pour les besoins mutuels qu'ils peuvent avoir l'un de l'autre dans leurs ouvrages, mais fans jamais s'appeller en criant. Il leur est défendu de parler des causes de leur détention, de se les reprocher, ou meme de se les raconter mutuellement. On s'efforce par toutes les voyes, à leur faire oublier leur vie, comme leurs habitudes anciennes. A table le même genre de filence leur est prescrit. Leur déjeû ner et leur souper, est un pudding de farine de

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mays et de mélasse. A dîner, une demi-livre de viande, des légumes, une demi-livre de pain. Leur boisson est de l'eau; jamais, dans aucune circonstance, ils ne boivent de liqueurs fermen tées, pas même de la petite bière: l'entrée en est proscrite dans la maison, et cette profcription est religieusement observée. L'espèce d'animation qu'en reçoit l'ouvrier, n'est qu'une vigueur factice et momentanée. Elle ferait pour le prifonnier une irritation qui allumerait son fang, qui empêcherait, par conféquent, l'effet du régime tempérant, par lequel on s'efforce de l'adoucir, de changer pour ainsi dire sa nature Il trouve fa force dans la nourriture fubstantielle qu'il prend, et qui, par le même principe, doit être bornée au juste nécessaire. Les rires, les chants, les cris lui font interdits, non seulement comme disconvenance, mais aussi comme secousse qui ébranlerait ses organes et les fortirait de la quiétude parfaite où l'on veut les tenir, pour en faire, en quelque forte, un nou vel être. Si le prisonnier contrevient à la règle de la maison, il en est averti une première fois par l'inspecteur, le geolier ou le porte-clef. S'il recommence, il est mis au folitary confinement. Ce folitary confinement est une punition pour les fautes des prifonniers, que le geolier peut ordonner,

mais dont il doit, fur-le-champ, rendre compte à l'inspecteur. Le paresseux qui ne travaille pas est mis au folitary confinement, et cette peine ex trêmement sévère, est un tems qu'il faudra encore racheter par le travail, car les frais de la pension courent toujours.

Les quatre porte-clefs font toute la nuit de service: deux font dans la salle des inspecteurs, deux dans l'intérieur de la prison. Ceux-ci se promènent continuellement dans les corridors. Au moindre bruit, ils éveillent le geolier et se rassemblent; le geolier entre dans la chambre d'où vient le bruit, et mène dans les terribles cellules, ceux qui en sont coupables. Ces cas font extrêmement rares.. Il n'arrive peut-être pas, quatre fois l'an, que des prifonniers soient punis, et c'est le seul moyen de punition employé dans cette prison. Les geoliers, les porte-clefs font fans armes, fans chiens, il leur est défendu même de porter une baguette, car ils pourraient dans un moment d'impatience, en frapper un prifonnier, et le système de calme et de juflice exacte et froide dont on espère tant de bien, en ferait dérangé. Le porte-clef qui s'eniyrerait, qui traiterait deux fois un prifonnier avec dureté, perdrait sa place. Les inspecteurs, an contraire, causent avec eux, cherchent à les

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