les progrès de ces essais, assureraient la bonne tenue de la maison, si l'on pouvait supposer que le zèle des inspecteurs se rallentît. Elles ont été jusqu'ici une récompense de leurs foins et les ont aidés très-utilement, en faisant connaître leurs premiers succès, & leur donnant ainsi les moyens de furmonter tous les obstacles dont font embarrassés, dans tous les pays du monde, les hommes qui se vouent à la destruction des abusi Les infpecteurs ont la faculté de présenter au gouverneur des pétitions pour obtenir la grace d'un prifonajes, & ils en ufent quand ils fe croyent assurés i de l'amendemento dub convict, qu'il a amassé quelqu'argent par fon travail, ou qu'il a dans sa famille des moyens de fubfifter. Illen eft qui, après une détention de fix mois, sont sortis avec cinquante dolars de gain réel, toutes dépenses prélevées. afte [ Le gouverneur ne refuse jamais la grâce à la demande des inspecteurs; le meurtrier même peut espérer de l'obtenir, mais jamais fans que sa pétition foit signée des parens et amis de la victime de fon crime. Les inspecteurs ufent peu de cette faculté, pour les convicts de cette classe 3 ils en ufent fobrement pour les autres, mais enfin chacun des détenus fait qu'ils peu vent en faire usage, & fon cœur entretenu par l'espoir, voit un intérêt à devenir meilleur. Qui conduira-t-on jamais sans l'espérance & la crainte? Les convicts en fortant de la prifon reçoivent en argent la balance de leurs comptes, si les inspecteurs supposent qu'ils n'en feront pas un mauvais usage, ou en vêtemens, s'ils n'inspirent pas cette confiance. Quelques-uns en disposent pendant le tems de leur détention pour le maintien de leur famille; et tel est l'admirable effet de ce nouveau régime que fur cent convits qui fortent de la prifon, ou par grâce, ou après leur tems expiré, deux n'y sont pas ramenés pour récidive: tandis que dans l'ancien système, les prisons étaient peuplées de criminels d'habitude, qui n'en fortant, comme en Europe, qu'avec quelques vices de plus, n'usaient de leur liberté que pour commetre de nouveaux crimes, et étaient ramenés fans cesse dans les fers, jusqu'a ce qu'ils terminassent leur vie sur l'échafaud. Le tableau placé à la fin de ce petit ouvrage, & les notes qui le suivent en donneront la preuve. Il eut été à désirer de pouvoir y joindre l'état des crimes & des peines, dans les quatre années qui ont précédé la première reforme du code pénal; mais les régistres des 1 prisons ont été enlevés par le geolier qui alors en avait la garde. Ce n'est d'ailleurs qu'en 1790. que la loi, qui prescrivait un nouvel ordre dans les prisons, à été rendue; & ce n'est qu'en 1791, que réellement elle à commencé à être mise à exécution, par les raisons détaillées ci-après. Voilà donc en 4 années, au moins deux cents personnes rendues utiles à la société, qui, par l'ancien régime, & d'après le code pènal de presque tous les États de l'Europe, eussent été destinées à en être séparées, ou que les fupplices en auraient à jamais arrachées. Et que l'on re croie pas que ce changement de système dans la jurisprudence criminelle, & dans le régime des prisons, a apporté trop de douceur au fort des criminels. D'abord, cela fut-il vrai, où serait le mal, puisque l'utilité de la société en est le résultat? Les loix criminelles d'aucun pays police, peuvent-elles avoir un autre but? Mais cette opinion que l'on aurait du nouveau système serait même fausse. D'abord la certitude de la punition est entière. L'accusé s'il est convaincu, peut espérer que le tems & fa bonne conduite, abrégeront sa détention, mais il est sûr de subir, jus qu'a cette époque, la rigueur de sa sentence.. Les jurys qui, répugnant à voir un homme condamné à mort, cherchaient souvent moins l'évidence de son crime que le moyen d'en douter, trouvant aujourd'hui la peine plus proportionnée au crime, ayant sous les yeux les résultats de son utilité, craignent moins de trouver un coupable. Le pouvoir exécutif n'a aucun motif de faire grace a un condamné avant qu'il subisse sa sentence, puisqu'il est für de pouvoir la lui accorder, s'il prouve qu'il en est digne. Dans les pays où le pouvoir exécutif, a le droit de faire grace, on fait que ces faveurs ne font pas toujours accordées aux condamnés les plus dignes d'indulgence, et que comme presque toutes les faveurs, elles sont dues plutot au crédit de l'intercesseur qu'a un sentiment d'équité de celui qui les accorde. Et fussent elles toujours accordées avec discernement, elles feroient une critique de la loi qui seroit ainsi accusée d'ordonner une peine disproportionnée au delit: enfin cette grace absoud souvent fans commutation de peine, un condamné qui ne méritait peut - etre pas le dernier fupplice, mais qui peut etre aussi ne peut pas fans danger pour la société, etre replacé sur le champ dans son sein: Ici la diminution du tems de detention ordonné par la sentence, étant precédée de toutes les conditions, 1 sans lesquelles elle ne peut etre accordée, est fans inconvénient: et la certitude de la peine inevitable, est deja un grand frein contre le crime. La régularité de l'ordre dans la prifon, la févé rité froide non interrompue, avec laquelle les prifonniers font traités, est aussi une grande punition pour eux. Ces traitemens arbitraires, ces coups donnés par la brutalité des geoliers, ces fers mis selon leur caprice, les juremenstet les invectives à tous les prifonniers, les exactions dont tous ces malheureux étaient victimes, toutes ces horreurs enfin qui révoltent l'humanité et la justice des hommes instruits de l'ancien régime des prisons, tel qu'il existe encore presque par-tout en Europe, étaient amplement com pensés pour les prifonniers par la fainéantise absolue dans laquelle on les laisfait vivre, par la liberté qu'ils avaient de se livrer à toute espèce d'excès, par les liqueurs qui leur étaient fournies tant qu'ils avaient de l'argent. Il est un nombre considérable de ces habitués de prifons que les traitemens tyranniques et cruels des geoliers n'en dégoutaient pas. Car, quelque ridicule que puisse paraître cette assertion, il est cependant positivement vrai, que beaucoup d'entr'eux en aimoient le féjour pour le désordre où il leur était permis d'y vivre. Aujourd'hui la |